L'imparfait du présent, d'Alain Finkielkraut

L'imparfait du présent est un ouvrage assez peu volumineux, à peine 300 pages, mais d'une très grande densité que l'on doit à Alain Finkielkraut.
Cet homme, fils unique d'un maroquinier juif polonais déporté en 1941 à Auschwitz, fait de brillantes études en France, obtient une agrégation de lettres modernes, qui lui permet d'accéder au professorat en France, puis à Berkeley au Etats-Unis avant de revenir chez nous comme professeur de philosophie et d' histoire des idées au département Humanités et sciences sociales de l'École polytechnique.
De plus, il anime une émission hebdomadaire sur France Culture.

Autant préciser d'emblée qu'Alain Finkielkraut a des choses à dire, et de les bien dire, ce qu'il a fait dans un nombre impressionnant d'ouvrages, d'articles et de propos qui parfois ont suscité la polémique parce que la plupart de ses idées vont à contre-courant du prêt-à-penser ambiant ânonné, entre autres, par le moindre pipole au cerveau vide placé sous les projecteurs des plateaux de télévison.

C'est parce qu'il est contesté, que j'ai voulu lire ce philosophe profondément républicain, défenseur du système éducatif à l'ancienne mode, de la tradition, de la belle langue, et qu'il s'est prononcé sur la plupart des sujets qui font débat aujourd'hui que j'ai voulu le lire.

J'ai commencé par La défaite de la pensée (1987).
Je l'ai trouvé si ardu par endroits que j'en ai sauté bien des pages. Il m'a fallu longtemps pour me replonger dans les écrits de Finkielkraut, ce que j'ai fait avec L'imparfait du présent (Gallimard, 2002, 283 pages)

Et c'est ainsi que j'ai redécouvert l'auteur, sa puissance de réflexion et la pureté de son écriture dans cet ouvrage qui se présente comme un commentaire de certains faits, importants ou non, de 2001, première année du troisième millénaire.
Ce n'est pas une chronique au jour le jour, ce n'est pas le récit des impressions premières de l'auteur ni de ses humeurs, mais, comme il est dit en quatrième de couverture, d'un essai "d'extraire le mémorable du flot de l'actualité, de tenir le détail en haute estime, de chercher la vérité dans ce qui apparaît et non derrière les apparences". Il y est question du télephone portable, de nos ancêtres les Gaulois, des paysans, de la maman avenir de l'homme, des vieux cons dans le vacarme des fêtes... de six douzaines de sujets eclectiques qui, sous le regard d'Alain Finkielkraut prennent un relief singulier que nous ne leur aurions sans doute jamais vu.

En conclusion subjective :
voilà de la philosophie compréhensible, brillante, qui donne sinon à comprendre le monde comme il va, selon le titre d'un conte de Voltaire, du moins à nous le montrer plus précisément. Et ça fait du bien.