Un bonheur insoutenable, d'Ira Levin
2 participants
Page 1 sur 1
Un bonheur insoutenable, d'Ira Levin
Roman de Science Fiction
Un bonheur insoutenable d'Ira Levin (1929-2007) traite d'un thème analogue à celui de 1984 de George Orwell.
De la même manière, nous assistons aux efforts constants d'un individu presque ordinaire qui cherche à échapper à un univers qu'il est apparemment le seul à ressentir comme totalitaire.
L'intrigue y est habillement construite, très fûtée même, et conduit à un dénouement inattendu.
Il faut dire que l'auteur est un maître du récit à suspense. On lui doit entre autres réussites, Rosemary's baby (porté à l'écran par Roman Polanski en 1968), Ces graçons qui venaient du Brésil (porté à l'écran par Frankin Shaffner en 1978) ou Piège mortel (porté à l'écran par Sidnet Lumet en 1982).
L'histoire se déroule dans un futur indéfini, mais pas si éloigné de notre époque.
L'humanité est unifiée et s'appelle la Famille. Les noms et prénoms des membres sont remplacés par des identifiants composés d'un des rares prénoms admis (Jésus, Karl, Li..) suivis d'un numéro. Les maladies, l'égoïsme, l'agressivité, les affinités naturelles, tout ce qui différenciait originellement les individus a disparu. Un ordinateur géant, Uni, caché sous les Alpes dirige tout, contrôle tout, jusqu'à la pluie qui ne tombe que la nuit. Un traitement chimique mensuel auquel les membres ne songent pas à échapper leur est administré en fonction du bracelet indémontable qu'ils présentent à chaque scanners partout rencontrés. Les journées se passent en l'exécution de métiers que les membres n'ont pas choisis, en des écoutes de discours lénifiants et en visionnages de programmes de télévision abrutissants. Le samedi est le jour réservé aux relations sexuelles, et grâce au traitement chimique périodiquement reçu, aucun désir ne vient perturber le cours paisible des jours toujours semblbales. Le bonheur y semble parfait, mais devient insoutenable dès lors que l'on prend conscience qu'il est vécu dans une société d'où la volonté de choisir a été éradiquée.
Un personnage, Li RM35M4419 surnommé Copeau (de la bonne souche), parvient à cet état de conscience. Il découvre peu à peu l'horreur de son monde tout en faisant l'expérience de l'amour véritable, et il va dès lors consacrer son énergie et son intelligence désengourdie à sortir de cet univers afin de le détruire si possible.
Je ne dévoilerai pas la fin du roman, vraiment surprenante.
Pour les spécialistes, cet ouvrage est littérairement inférieur à 1984.
Peut-être, mais, à mon avis, il lui est supérieur sur le plan narratif car il théorise moins, il est plus captivant, tout en étant tout aussi critique à l'encontre des idéologies politiques, religieuses et technologiques, réduites ici à un syncrétisme comme les années 70 nous en proposaient en guise de panacée. De plus, sa grande originalité est de montrer d'une façon convaincante que le totalitarisme n'a ni besoin de violence ni de répression sanglante pour s'imposer. Le monde décrit par Ira Levin est sans aspérité, propre, cliniquement sain et chimiquement débarrassé de la part mauvaise de l'humain, qui fait cependant partie intégrante de sa condition.
Mais un tel monde est-il en mesure d'assurer à chacun le bonheur auquel il aurait droit, si l'on en croit nos contemporains qui l'exigent comme un dû?
Qui exigent tout comme un dû absolu sans que cela leur coûte rien?
N'y aurait-il pas une contrepartie inéluctable à payer?
Ne plus avoir de choix élémentaires est-ce encore du bonheur?
Un ouvrage épatant, qui distrait autant qu'il donne à réfléchir sur le pouvoir, la manipulation et l'essentiel de nos jours : le bonheur d'aimer.
Collection J'ai Lu, N° 434, 372 pages.
Bonne lecture
André
Un bonheur insoutenable d'Ira Levin (1929-2007) traite d'un thème analogue à celui de 1984 de George Orwell.
De la même manière, nous assistons aux efforts constants d'un individu presque ordinaire qui cherche à échapper à un univers qu'il est apparemment le seul à ressentir comme totalitaire.
L'intrigue y est habillement construite, très fûtée même, et conduit à un dénouement inattendu.
Il faut dire que l'auteur est un maître du récit à suspense. On lui doit entre autres réussites, Rosemary's baby (porté à l'écran par Roman Polanski en 1968), Ces graçons qui venaient du Brésil (porté à l'écran par Frankin Shaffner en 1978) ou Piège mortel (porté à l'écran par Sidnet Lumet en 1982).
L'histoire se déroule dans un futur indéfini, mais pas si éloigné de notre époque.
L'humanité est unifiée et s'appelle la Famille. Les noms et prénoms des membres sont remplacés par des identifiants composés d'un des rares prénoms admis (Jésus, Karl, Li..) suivis d'un numéro. Les maladies, l'égoïsme, l'agressivité, les affinités naturelles, tout ce qui différenciait originellement les individus a disparu. Un ordinateur géant, Uni, caché sous les Alpes dirige tout, contrôle tout, jusqu'à la pluie qui ne tombe que la nuit. Un traitement chimique mensuel auquel les membres ne songent pas à échapper leur est administré en fonction du bracelet indémontable qu'ils présentent à chaque scanners partout rencontrés. Les journées se passent en l'exécution de métiers que les membres n'ont pas choisis, en des écoutes de discours lénifiants et en visionnages de programmes de télévision abrutissants. Le samedi est le jour réservé aux relations sexuelles, et grâce au traitement chimique périodiquement reçu, aucun désir ne vient perturber le cours paisible des jours toujours semblbales. Le bonheur y semble parfait, mais devient insoutenable dès lors que l'on prend conscience qu'il est vécu dans une société d'où la volonté de choisir a été éradiquée.
Un personnage, Li RM35M4419 surnommé Copeau (de la bonne souche), parvient à cet état de conscience. Il découvre peu à peu l'horreur de son monde tout en faisant l'expérience de l'amour véritable, et il va dès lors consacrer son énergie et son intelligence désengourdie à sortir de cet univers afin de le détruire si possible.
Je ne dévoilerai pas la fin du roman, vraiment surprenante.
Pour les spécialistes, cet ouvrage est littérairement inférieur à 1984.
Peut-être, mais, à mon avis, il lui est supérieur sur le plan narratif car il théorise moins, il est plus captivant, tout en étant tout aussi critique à l'encontre des idéologies politiques, religieuses et technologiques, réduites ici à un syncrétisme comme les années 70 nous en proposaient en guise de panacée. De plus, sa grande originalité est de montrer d'une façon convaincante que le totalitarisme n'a ni besoin de violence ni de répression sanglante pour s'imposer. Le monde décrit par Ira Levin est sans aspérité, propre, cliniquement sain et chimiquement débarrassé de la part mauvaise de l'humain, qui fait cependant partie intégrante de sa condition.
Mais un tel monde est-il en mesure d'assurer à chacun le bonheur auquel il aurait droit, si l'on en croit nos contemporains qui l'exigent comme un dû?
Qui exigent tout comme un dû absolu sans que cela leur coûte rien?
N'y aurait-il pas une contrepartie inéluctable à payer?
Ne plus avoir de choix élémentaires est-ce encore du bonheur?
Un ouvrage épatant, qui distrait autant qu'il donne à réfléchir sur le pouvoir, la manipulation et l'essentiel de nos jours : le bonheur d'aimer.
Collection J'ai Lu, N° 434, 372 pages.
Bonne lecture
André
Dernière édition par André le Jeu 18 Déc - 7:56, édité 1 fois
_________________
Linux? Pas assez cher, mon fils!
Re: Un bonheur insoutenable, d'Ira Levin
Et en plus, André a lu "Un bonheur insoutenable" d'Ira LEVIN..
Je sens que je vais me plaire ici !
Fred
Je sens que je vais me plaire ici !
Fred
Re: Un bonheur insoutenable, d'Ira Levin
Un connaisseur.Manfred a écrit:Et en plus, André a lu "Un bonheur insoutenable" d'Ira LEVIN..
Je sens que je vais me plaire ici !
Fred
J'apprécie, car il n'y a pas que la mécanique du 6 Cyl en ligne dans la vie...
André
_________________
Linux? Pas assez cher, mon fils!
Sujets similaires
» QUE DU BONHEUR ( SOMMET BUCHER 05 )
» Porte-bonheur...en émaux
» Enfin : j'ai trouvé mon bonheur
» Inde ....Suite....En Iran
» Le Cherche Bonheur, de Michael Zadoorian
» Porte-bonheur...en émaux
» Enfin : j'ai trouvé mon bonheur
» Inde ....Suite....En Iran
» Le Cherche Bonheur, de Michael Zadoorian
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|