La Rage de Vivre, de Milton Mezzrow et Bernie Wolfe
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La Rage de Vivre, de Milton Mezzrow et Bernie Wolfe
Biographie bouillonnante
Milton "Mezz" Mezzrow (1899~1972) est né blanc dans la petite bourgeoisie juive de Chicago. Il est passionné de jazz dès son adolescence, ce qui l'amenera à fréquenter et à préférer à toute autre société la compagnie des noirs américains auxquels il vouera la même passion absolue qu'à leur musique.
Clarinettiste et saxophoniste, les experts retiennent de lui qu'il fut un grand mélodiste, auteur de standards célèbres, ainsi qu'un pédagogue musicologue en rythme et en harmonie.
Ceci pourrait être d'un ennui mortel pour qui n'est pas mélomane si le Rage de Vivre (Really The Blues), écrit avec la collaboration très active et compétente du journaliste Bernard Wolfe, ne traitait que de notes, d'harpèges et d'appoggiatures.
En réalité, il n'est pas question de cela. Milton, qui aurait voulu être noir ainsi que le chantait Nino Ferrer, s'est voulu comme un pont entre les deux "races" et les deux perceptions de la culture américaine. C'est ce qu'il raconte, sans fausse pudeur ni forfanterie dans ce livre sincère. Il dit simplement avoir été un mauvais garçon, goûtant de la prison, hantant les bordels et les distillerie clandestines du temps de la prohibition, s'abandonnant à la consommation et au trafic de marijuana, avant de sombrer dans l'alcoolisme et l'opiomanie, toutes turpitudes qu'il assume pleinement sans jérémier sur une injustice dont il serait victime.
L'intérêt de ce récit, tient dans la façon impressionante dont Milton parvient à vaincre ses démons, à s'extriper des plus mauvais pas, à s'extraire de poisses qui auraient anéanties n'importe qui d'autres et enfin à relancer sa carrière en côtoyant les plus grands, d'Armstrong ou Bechet par exemple, avec un appétit de vivre toujours relancé. C'est une formidable leçon de vie, l'antidote idoine au défaitisme le plus sombre.
Préface :
Le grand Henry Miller (1891~1980) a consacré une préface élogieuse au récit de Milton, qu'il adresse d'ailleurs à Bernie Wolfe. Il y écrit notamment : "... à quelque page que je l'ouvre, je me fais l'effet d'entamer une veine neuve dans une mine d'or. La Rage de Vivre nous apporte un puissant et vital message de joie, de joie sans mélange. C'est un livre stimulant et je m'étonne que tous les citoyens américains ne le commentent pas d'une même voix, en glorifiant la paix et le bonheur,la fraternité et la musique ... Votre livre est un très grand livre, et Mezz un grand bonhomme, un de ces "cats" (mecs) dont l'Amérique peut être fière et qu'elle devrait prendre en exemple.C'est du solide, du sans bavure. Ce qu'il y a de plus beau, c'est que la renaissance de Mezz a eu lieu au coeur même de la mort, de la dégénérescence et de la corruption, alors qu'il était encore prisonnier sur l'île de Hart. La plupart des hommes ont tendance à s'emprisonner eux-mêmes, sans l'aide des autorités légales. Rares sont ceux qui ont compris que pour être libre, point n'est besoin d'être libéré."
Le style :
Que dirais-je de plus à propos de ce formidable paquet d'optimisme, que j'ai lu à deux reprises avec toujours autant de plaisir? Peut=être quelques mots sur le style et la traduction pleine de verve voyoute que l'on doit à Marcel Duhamel, une plume des Série Noire, et à Madeleine Gautier, experte en jazz.
Un exemple peut-être? Le voici, dès les premières phrases du bouquin qui donnent bien le ton :
"Une école de musique? Vous rigolez. J'ai appris à jouer du saxo à l'École de redressement de Pontiac.
On appelait Pontiac "l'École" parce qu'on y envoyait des gosses. J'en ai fait une floppée, d'écoles de ce genre-là, de celles que vous ne trouverez sûrement pas sur la liste approuvée par l'Association des Maîtres et Parents. Je crois bien que j'y ai appris plus de tours qu'un sapajou sur un trapèze..."
Et ça continue ainsi, tout au long de 508 pages, postface comprise.
À lire pour se remonter le moral en faisant provision de joie de vivre, sans crainte de l'autre qui ne vous ressemble pas.
Livre de Poche, N° 1341/1342
André
Milton "Mezz" Mezzrow (1899~1972) est né blanc dans la petite bourgeoisie juive de Chicago. Il est passionné de jazz dès son adolescence, ce qui l'amenera à fréquenter et à préférer à toute autre société la compagnie des noirs américains auxquels il vouera la même passion absolue qu'à leur musique.
Clarinettiste et saxophoniste, les experts retiennent de lui qu'il fut un grand mélodiste, auteur de standards célèbres, ainsi qu'un pédagogue musicologue en rythme et en harmonie.
Ceci pourrait être d'un ennui mortel pour qui n'est pas mélomane si le Rage de Vivre (Really The Blues), écrit avec la collaboration très active et compétente du journaliste Bernard Wolfe, ne traitait que de notes, d'harpèges et d'appoggiatures.
En réalité, il n'est pas question de cela. Milton, qui aurait voulu être noir ainsi que le chantait Nino Ferrer, s'est voulu comme un pont entre les deux "races" et les deux perceptions de la culture américaine. C'est ce qu'il raconte, sans fausse pudeur ni forfanterie dans ce livre sincère. Il dit simplement avoir été un mauvais garçon, goûtant de la prison, hantant les bordels et les distillerie clandestines du temps de la prohibition, s'abandonnant à la consommation et au trafic de marijuana, avant de sombrer dans l'alcoolisme et l'opiomanie, toutes turpitudes qu'il assume pleinement sans jérémier sur une injustice dont il serait victime.
L'intérêt de ce récit, tient dans la façon impressionante dont Milton parvient à vaincre ses démons, à s'extriper des plus mauvais pas, à s'extraire de poisses qui auraient anéanties n'importe qui d'autres et enfin à relancer sa carrière en côtoyant les plus grands, d'Armstrong ou Bechet par exemple, avec un appétit de vivre toujours relancé. C'est une formidable leçon de vie, l'antidote idoine au défaitisme le plus sombre.
Préface :
Le grand Henry Miller (1891~1980) a consacré une préface élogieuse au récit de Milton, qu'il adresse d'ailleurs à Bernie Wolfe. Il y écrit notamment : "... à quelque page que je l'ouvre, je me fais l'effet d'entamer une veine neuve dans une mine d'or. La Rage de Vivre nous apporte un puissant et vital message de joie, de joie sans mélange. C'est un livre stimulant et je m'étonne que tous les citoyens américains ne le commentent pas d'une même voix, en glorifiant la paix et le bonheur,la fraternité et la musique ... Votre livre est un très grand livre, et Mezz un grand bonhomme, un de ces "cats" (mecs) dont l'Amérique peut être fière et qu'elle devrait prendre en exemple.C'est du solide, du sans bavure. Ce qu'il y a de plus beau, c'est que la renaissance de Mezz a eu lieu au coeur même de la mort, de la dégénérescence et de la corruption, alors qu'il était encore prisonnier sur l'île de Hart. La plupart des hommes ont tendance à s'emprisonner eux-mêmes, sans l'aide des autorités légales. Rares sont ceux qui ont compris que pour être libre, point n'est besoin d'être libéré."
Le style :
Que dirais-je de plus à propos de ce formidable paquet d'optimisme, que j'ai lu à deux reprises avec toujours autant de plaisir? Peut=être quelques mots sur le style et la traduction pleine de verve voyoute que l'on doit à Marcel Duhamel, une plume des Série Noire, et à Madeleine Gautier, experte en jazz.
Un exemple peut-être? Le voici, dès les premières phrases du bouquin qui donnent bien le ton :
"Une école de musique? Vous rigolez. J'ai appris à jouer du saxo à l'École de redressement de Pontiac.
On appelait Pontiac "l'École" parce qu'on y envoyait des gosses. J'en ai fait une floppée, d'écoles de ce genre-là, de celles que vous ne trouverez sûrement pas sur la liste approuvée par l'Association des Maîtres et Parents. Je crois bien que j'y ai appris plus de tours qu'un sapajou sur un trapèze..."
Et ça continue ainsi, tout au long de 508 pages, postface comprise.
À lire pour se remonter le moral en faisant provision de joie de vivre, sans crainte de l'autre qui ne vous ressemble pas.
Livre de Poche, N° 1341/1342
André
Dernière édition par André le Dim 6 Mar - 7:09, édité 3 fois
_________________
Linux? Pas assez cher, mon fils!
Re: La Rage de Vivre, de Milton Mezzrow et Bernie Wolfe
Cela me donne envie de le lire , et fera partie certainement de mes prochaines lectures
Merci de l'info André, notamment de ta description affinée et prenante.
anthony
Merci de l'info André, notamment de ta description affinée et prenante.
anthony
anthony- Nombre de messages : 103
Age : 43
Localisation : 66690 p-o
Emploi/loisirs : BEP cycle/moto. guitare,percus,photographie,la nature,randonnées,éco-habitat(yourte),vtt,le LT.
Humeur : généralement joyeuse et optimiste
Date d'inscription : 10/01/2009
Re: La Rage de Vivre, de Milton Mezzrow et Bernie Wolfe
C'est donc que bien vendu la camelote!anthony a écrit:Cela me donne envie de le lire, et fera partie certainement de mes prochaines lectures
Mais ce n'est pas de la camelote : c'est un très bon bouquin.
André
_________________
Linux? Pas assez cher, mon fils!
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