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Le Procès, de Franz Kafka

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Le Procès, de Franz Kafka Empty Le Procès, de Franz Kafka

Message  André Mar 13 Sep - 12:44

Roman (?) désarçonnant

En guise d'introduction :

C'est la saison littéraire qui succède à l'été pendant lequel, traditionnellement, si on lit autre chose que l'Équipe ou Chasseurs d'Images, on prend  plaisir à retrouver des livres déjà connus ou à en découvrir de nouveaux. Il est donc temps de parler de ces bouquins qui furent nos compagnons de vacances.Il y en eut beaucoup, des bons et des moins agréables. Et il en est un, considéré comme un chef d'oeuvre, dont j'avais souvent entendu le nom en des circonstances qui pouvaient en rappeler le contenu, mais que je n'avais pas encore abordé. Il s'agit du Procès, de Franz Kafka. J'avais lu autrefois La Métamorphose et la Colonie Pénitentiaire de cet auteur, mais pas celui-ci pourtant le plus connu. Lacune fut comblée durant mes vacances au Portugal.

L'auteur :

Écrivain tchèque de langue allemande, mort à 40 ans après une vie de bureaucrate qui ne lui laissait guère que le soir et la nuit pour écrire. Tous ses livres sont posthumes; Le Procès, publié en 1925, un an après sa mort, résulte d'une mise en ordre de chapitres disparates effectuée par son ami et exécuteur testamentaire, Max Brod. Dépressif, hypocondriaque, tuberculeux, phobique social, Kafka a produit une oeuvre "caractérisée par une atmosphère cauchemardesque, sinistre, où la bureaucratie et la société impersonnelle ont de plus en plus de prise sur l'individu" (Wikipedia). Il est considéré comme un écrivain majeur du siècle dernier.

L'histoire :

Le matin de son trentième anniversaire Joseph K, dont on ne saura jamais le nom, reçoit dans la pension de famille où il habite, deux agents mystérieux venus lui signifier que son crime, non précisé à ce moment-là et qui ne le sera jamais par la suite, est passible des tribunaux. Laissé libre cependant de ses mouvements, il peut se rendre à son travail d'employé de banque, avec l'obligation d'attendre les conclusions de la commission d'enquête penchée sur son cas délictueux. Ce qui ne manque pas de le laisser perplexe.
Plus tard, sommé de se rendre au tribunal un jour qui ne lui est pas précisé, ni en date, ni en heure, ni en lieux, il erre dans une banlieue morose avant d'être conduit au bon endroit par le hasard. Là, malgré une foule de vieillards hystériques qui le conspuent pour son retard, il tente de démontrer l'absurdité de son procès reposant sur des accusations vides. Ce faisant, il suscite l'adversité de la foule et l' hostilité du juge qui lui reproche son retard et son refus d'être interrogé.
Le décor du cauchemar est planté. On va s'y enliser. Lorsque Joseph K. affirmera être innocent, on lui rétorquera "Innocent de quoi?".

Un soir, travaillant à la banque qui l'emploie, un bruit provenant d'un débarras attire son attention. Il s'y rend et découvre les deux agent venus l'arrêter en train d'être fouettés par le bastonneur judiciaire. Les deux agents implorent son aide, mais de crainte d'une implication dans le déroulement de la justice, ce qui agraverait son cas, il se désintéresse des trois individus, songeant qu'il s'agit d'une mise en scène destinée à l'effrayer. Mais le jour suivant, bastonneur et bastonnés sont toujours dans le placard. Ainsi, la justice, au service d'une Loi qui semble admise et connue de tous, sauf de lui, Joseph K., est implantée sur son lieu de travail; elle le cerne au plus près, prête à l'anéantir dans l'incompréhension totale de ce qui l'accule.

Pourtant, il a suffit d'un rien, d'un dérèglement mineur de l'ordre habituel, pour que la situation devienne d'abord déroutante, puis hostile et enfin effroyable.

J'arrête là, afin de ne pas déflorer davanatge le sujet; ce qui en est déjà dit me paraît suffisamment démonstratif du climat sinistre et angoissant de cette histoire, dont certains épisodes burlesques ne relâchent pas la tension, mais tout au contraire l'accroîssent.


L'interprétation (?)

Il existe plusieurs interprétations admissibles de ce récit. Leur nombre prouve autant la richesse de l'oeuvre analysée que son caractère déconcertant. On trouve jusqu'à une interprétation rabbinique, et une autre psychanalitique. Je ne tranche pas n'ayant pas les compétences. Deux éléments retiennent ma faveur :

1) Kafka était juif, en un siècle où l'antisémitisme latent exprimera toute sa nocivité quelques années plus tard, avec l'arrivée du nazisme au pouvoir. On imagine donc facilement l'inquiétude de Kafka, s'il avait pris la pleine mesure du danger qui s'annonçait. Il s'interroge sur la faute non commise, sur la culpabilité qui est alors sans raison et sur la condamnation pourtant déjà prononcée contre les juifs, et donc lui-même, qui se sait innocent, sauf à supposer que sa judaïté soit un crime.
Mais il sait aussi, forcément, que le juif est soumis à la Loi mosaïque et à ses 613 commendements impossibles à ne pas transgresser car personne n'est infaillible pour en satisfaire la totalité.  Il n'y aurait donc pas d'innocent, que des coupables condamnés. En ce cas, Le Procès serait une parabole décrivant la condition du juif telle que Kafka la perçoit, et elle serait inhumaine et horrible. C'est mon interprétation personnelle.

2) On a dit aussi que la vie professionnelle de Kafka, contraint à être tâtillon, voire chicanier, dans une compagnie d'assurance, expliquerait l'ambiance cauchemardesque de ses écrits. Il y dénoncerait alors l'absurdité de la bureaucratie corsetée dans des régles immuables et intransgressibles quelle que soit leur inanité. Il y décrirait le sentiment de tyrannie éprouvé à devoir se soumettre sans mot dire, sans possibilité de modifier ne serait-ce qu'un iota de cette Loi bureaucratique, qu'il n'arrive ni à comprendre ni à connaître en totalité, tout comme la Loi mosaïque

Le plus étrange, et le plus angoissant aussi du Procès, découle, me semble-t-il, du non-sens des situations, toujours décrites sans effets, d'une manière absolument réaliste, avec une froideur de constat clinique.

Une simple vue de l'esprit?

On pourrait croire que Le Procès est une fantasmagorie, la description d'une chimère, malgré le ton résolument réaliste. Un simple conte bizarre et grinçant. Voire une farce sombre. Car tout de même, il ne peut pas arriver à un quidam des plus ordinaires d'être accusé d'un délit qu'on ne lui signifie pas, délit qui le propulse vers un procès dont tout le monde autour de lui sait l'inéluctabilté ainsi que l'issue défavorable.

On se tromperait à raisonner ainsi.
De nos jours, n'importe qui peut être diffamé, jeté en patûre aux procureurs de la pensée unique qui hantent les réseaux sociaux (sic!) et, en conséquence, être condamné à l'opprobre sans raison aucune. C'est la fameuse rumeur d'Orléans à la sauce numérique dont la nuisance se trouve décuplée par la technologie
On pourrait dire également que dès qu'un procès d'intention est fait à quelqu'un, intention dont il ignore la nature puisqu'il ne l'a jamais eue, mais que l'accusateur serait capable de bien avoir, lui, puisqu'il est en mesure de la prêter à autrui, dès que ce procès lui est fait sur la place publique, il est condamné par la meute. Comme Josef K.

En cela Le Procès de Kafka n'est pas une simple billevésée produite par un individu souffreteux et paranoïaque; il s'agit d'une oeuvre qui nous renseigne sur les injustices, sur la culpabilité et sur la Loi sans laquelle il n'y a pas de culpabilité puisqu'il ne saurait y avoir de trangression de ce qui n'existe pas, et en conséquence pas d'injustice commise en son nom.

Pour finir :

Dans Les cents Livres du siècle, liste établie en 1999, Le Procès se situe en troisième position, après l'Étranger de Camus, À la recherche du temps perdu, de Proust, et juste devant Le petit Prince, de Saint-Exupéry. L'atmosphère opprimante dans laquelle baigne toute cette histoire insensée (en apparence) ne pouvait pas ne pas intéresser le cinéma; c'est le célèbre Orson Welles qui se chargea de le porter à l'écran. On en fit également une bande dessinée, une pièce de théâtre et un opéra

L'influence de l'univers de Kafka est si grande que pour qualifier une situation ahurissante dans laquelle on se débat sans avoir de prise sur elle, on dira qu'elle est kafkaïenne.

À découvrir pour son caractère unique, et peut-être pour réflèchir à certaines convulsions de notre temps, qui peuvent nous troubler, nous abattre parfois

Livre lu en version numérique sur liseuse Kobo

André


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