Nous l'avions connue à Palau del Vidre

Pour les chiens, dis? Y a-t-il un paradis?,
par Roland Egensperger
Texte dédié à Cathy Dumand, maître-chien dʼEvie.
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Où donc es-tu partie,
Ma toute petite Evie?
Pour les chiens, dis?
Y a-t-il un paradis?
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La-haut, on te confiera, cʼest avéré,
Les clés du royaume, trousseau tombé,
Que tu ramassais bien vite dans lʼherbe
Quand tu vins, toute petite, aux Argoulets.
Tu nous déposais les clés dans la paume
Ouverte, avec délicatesse; en somme,
Cʼétait sans doute la clé de ton royaume.
La laisse sur ton échine, Tu goûteras
Toutes les croquettes du firmament
Et Tu rencontreras, dans ton escapade,
Un doux et sage compagnon, Sisco!
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Où donc es-tu partie,
Ma toute petite Evie?
Pour les chiens, dis?
Y a-t-il un paradis?
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Petite Evie, Tu étais si belle, déjà femelle,
Quʼun labrador au beau poitrail sable
A flairé dans le vent dʼautan comme un appel,
A brisé son attache, prise dans le béton,
A couru des kilomètres, langue pendante,
Traînant dix mètres de lourdes chaînes,
Et a posé ses maillons devant notre portail
Pour gémir tes louanges, faire connaissance,
Pour des projets assurément polissons,
En tout cas pour assurer une descendance.
Tu ne revis pas ce gentil et pressant fiancé.
Sans doute dépité, a-t-il retrouvé son piton.
Emmené avec chaînes et mousqueton,
Par la gendarmette municipale, peu rassurée
Par ce contrevenant canin et sa lourde ferraille.
Tu aurais pu être une très bonne mère,
Aux Argoulets, tu étais la maîtresse dʼécole,
Tu mettais au pas les chiots indisciplinés
Leur apprenait, en fronçant la peau du front,
En grondant un peu, les bonnes manières.
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Où donc es-tu partie,
Ma toute petite Evie?
Pour les chiens, dis?
Y a-t-il un paradis?
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Tu étais la messagère, Tu étais si fière
Quand le facteur aux cheveux longs
Quittait la mobylette jaune de la Poste
Passait la main à travers les volutes en fer forgé
De la grille, te confiait le courrier plastifié,
Et même, cʼest dire, Le Canard enchaîné.
Tu reconnaissais le bruit du moteur,
Tu guettais le préposé, à heures précises,
Couchée près de la boîte aux lettres;
Il te mettait Le Canard dans la gueule,
Tu savais le rapporter, sans quʼil ne se débatte,
Avec toutes ses plumes, oint dʼune bave collante,
Pour nous lʼapporter jusquʼau fond du couloir.
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Où donc es-tu partie,
Ma toute petite Evie?
Pour les chiens, dis?
Y a-t-il un paradis?
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Tu faisais rire aux éclats Malika pourtant souffrante
A Palau del Vidre, tu fis lʼapprentissage du camping-car,
De la vie en communauté. Tu étais la petite princesse;
Les grands chiens querelleurs ne te cherchaient pas noise.
Tu étais la compagne de jeu des tout-petits
Et les grands, à ton contact, apprivoisaient leur peur
Des chiens, et se surprenaient à te caresser.
Comme future chienne-guide, Tu faillis être réformée
Pour dʼobscures raisons, sans rapport avec ta santé.
Ah! Tu mettais du coeur à lʼouvrage, à bien guider Cathy
Dans Toulouse, dans les coins du Tarn, Lavaur, Albi,
Tu étais la vie, Evie,
Mais le coeur a failli
Et te voilà partie ...
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Où donc es-tu partie,
Ma toute petite Evie?
Pour les chiens, dis?
Y a-t-il un paradis?
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