Compte-rendu Rasso 2015 : 1° partie

C'est en Septaine, autrement appelée Champagne berrichonne, que Jean-Paul et Dominique ainsi que Francine et Jean-Paul, ou réciproquement, nous avaient déniché un lieu de rassemblement aux petits oignons. Avouons-le tout net : jamais je n'avais songé à poser mes roues dans ce coin de France profonde d'en bas, comme il disait, l'autre dont j'ai oublié le nom. Hé bien : j'avais tort. La région est accueillante, douce, à peine ondulée sous un ciel qui paraît plus vaste qu'ailleurs, peut-être parce que le regard ne bute sur aucune aspérité bétonnée, sinon quelques silos à grains tout à fait à leur place dans cette plaine céréalière. Parfois, une ligne à haute tension traverse l'horizon comme pour nous rappeler que nous ne sommes pas dans un désert : il y a de l'humain dans les environs.

Nous devions nous rendre précisément à Saint-Georges-sur-Arnon, aux confins de l'Indre(36), à toucher le Cher(18). La commune est minuscule; on pourrait la traverser presque par inadvertance, à peine entrés, déjà sortis. Et cependant, il s'agit d'une bien belle commune, propre, fleurie, lauréate en 2013 du concours des Villages Fleuris en région Centre-Val de Loire. Et ça se voit! L'église, rénovée, est entourée de pelouses tondues au milimètre et de massifs de fleurs vives malgré la sécheresse estivale; la mairie et les rues n'ont pas oublié non plus d'être florales.

Pour les commodités, on ne trouvera rien dans le village : pas une épicerie, pas une boulangerie, pas un bar-tabac-presse : rien! Pour la plus petite baguette, le moindre bâtard, il faudra se rendre à Charrost, dans le Cher, à 2 kilomètres de Saint-Georges. Cependant, si le commerce de la nourriture corporelle fait défaut, celui de l'esprit, en revanche, est accessible dans le Centre Culturel George Sand, sis à l'ombre de l'église. Sans doute aura-t-on compris ici, dans ce bourg, l'importance de l'enrichissement intellectuel pour la constitution de l'individu libre, debout, responsable. Le Don Camillo du lieu approuve, certainement, car n'est-il pas le premier à proclamer en chaire que "l'homme ne vivra pas de pain seulement" (Matthieu 4:4)? Certes, George Sand peut lui sembler sulfureuse, elle dont la vie amoureuse fit scandale en son temps, et qui prit des positions courageuses en faveur des femmes, des ouvriers, des pauvres, tout en combattant le conservatisme, mariage compris. Mais quand on rencontre Jacques Pallas (Front de Gauche, ancien délégué syndical à la SNCF), maire de Saint-Georges, on conçoit combien le patronnage du Centre Culturel confié à George Sand est pertinent, et pas seulement à cause de la proximité de Nohant où l'écrivain avait un domaine.

Un des premiers chantiers de la municipalité sous l'égide de Jacques Pallas fut la rénovation de l'église qui est aujourd'hui un lieu cultuel et culturel, des concerts y étant donnés. Quoi de plus naturel en somme? Le culte n'est-il pas un élément fondateur de notre culture à la fois gréco-latine et judéo-chrétienne? Chacun est libre de penser différemment, bien sûr...

L'engagement du maire au profit des énergies renouvelables ne se paye pas de mots seulement; il est concret, et il se constate. C'est en effet ce qui surprend lorsqu'on découvre la région pour la première fois : la paysage quelque peu futuriste de ces champs où ont poussé dix-neuf éoliennes. Certains s'en offusquent, d'autres, qui regrettaient la disparition des moulins à vent, s'en réjouissent. Moi, je trouve ça beau.

Naturellement, Monsieur le maire a désiré nous entretenir de cette particularité qui lui tient tellement à coeur, et dont il est d'ailleurs un des maîtres d'oeuvre. Le samedi 15 août, alors que le temps s'est mis au vent et à la pluie menaçante après des semaines de canicule, nous sommes attendus à la mairie, et, aussitôt installés dans une salle (du conseil?), Monsieur le maire nous décrit l'historique des quatre champs d'éoliennes installés sur sa commune et celle de Migny voisine. Le ton est pénétré, la phrase percutante, la démonstration indiscutable : l'auditoire convaincu ne pipe mot. Les politiciens assis, les écologistes verbeux qui sont pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour, les péroreurs de tout poil aussi péremptoires qu'immobiles... sont taillés en pièces, renvoyés dos à dos vers leur inefficacité. Lui, Monsieur le maire, agit et justifie son action par un discours humaniste qui se soucie de notre monde, des gens qui le peuplent et des générations qui nous succèdent. Et combien il est plaisant de voir en arrière-plan du tribun une toile représentant Saint-Georges terrassant le dragon, allégorie du bien triomphant du mal (dans la symbolique catholique). Nous sommes subjugués

Une maquette didactique est utilisée, ce que requiert souvent une bonne pédagogie, laquelle nécessite aussi un dernier argument qui cloue sur place,  tel une imparable botte de Nevers : les retombées éonomiques des éoliennes sont d'importance, au point que le zéro impôt est envisagé pour les administrés, et que d'autres implantaions sont prévues! L'énergie renouvelable est en marche, et elle profite à tous, présents et à venir. À souhaiter quand même que Nordex, société allemande réalisatrices des champs actuels, ne soit pas la seule sur les rangs, et que des entreprises françaises, s'il en est encore, manifestent leur compétence

Nous quittons la salle munis de plaquettes couleurs en complément des informations reçues, et nous nous rendons en convoi au pied des éoliennes. Rien que pour voir. Pour se rendre compte par nous-mêmes de l'impact sur la paysage, du bruit, des vibrations, des ondes pataphysiques responsables de la déprime chez les colverts et autres fadaises du même tonneau avancées par les anti-éoliens. Après constat, chacun est à même d'avoir une opinion personnelle.

Plusieurs sentiers de randonnée décrits sur un panneau près de l'église, et signalés tout au long du parcours par des codes-couleurs selon leur longueur, longent la rivière par endroits et traversent une zone classée Natura 2000, spécialement protégée pour maintenir la diversité biologique. Ce n'est pas les éoliennes qui en perturberont l'harmonie. Un de ces sentiers mène à un vieux moulin, dont la restauration est un des prochains chantiers de la municipalité. Ça promet d'être goûtu

Et au final, que dire de plus que : venez à Saint-Georges-sur-Arnon, vous n'en reviendrez pas? Il y a une aire de camping-car. Gratuite! Alors n'oubliez pas dire Merci! en partant